Poésie : L'oraison

Titre : L'oraison

Poète : Marceline Desbordes-Valmore (1786-1859)

Recueil : Romances (1830).

Je reviens à vos pieds, Marie,
Me sauver du malheur d'aimer :
L'oraison qui m'avait guérie
Ne vaut plus rien pour me calmer.

J'avais oublié de la dire
Le soir qu'Olivier me parla :
Triste, il parle comme on soupire,
Et cette plainte me troubla.

J'en grondai mon âme étonnée :
Vierge des pleurs, vous savez bien
Que je fus trop infortunée
Pour renouer un doux lien !

Et quand cette voix douloureuse
Murmure et se plaint de son sort,
Il faut que je sois bien peureuse
Pour n'oser dire : Parle encor !

Je viens donc essayer d'apprendre
Un secret, vous en avez tant !
Pour qu'il ne puisse me surprendre,
Et qu'il devienne heureux pourtant !

Mais si je dois être guérie,
Sans qu'il y trouve le bonheur,
Il n'est pas d'oraison, Marie,
Que je puisse apprendre par cœur !

Marceline Desbordes-Valmore.