Poésie : Sport

Titre : Sport

Poète : Alphonse Beauregard (1881-1924)

Vingt-quatre champions du jeu national
Sur le pré lumineux se sont formés en ligne ;
Coup de sifflet : la joute encore que bénigne
Accuse à chaque instant un effort plus brutal.

Les fronts sont empourprés, les crosses font du mal.
Sur les bancs de l'estrade une foule trépigne,
S'exalte, acclame, rit, vocifère, s'indigne,
Et quand tombe un jouteur, lance un cri guttural.

Les athlètes rivaux se poursuivent, s'évitent,
Le sang s'échauffe et bout, les bras levés s'excitent.
— Sous un coup traître, un des hommes s'est écrasé.

Du sport ? Tous les aïeux rugissent face à face.
Et sur les durs gradins et sur le champ rasé
Flotte l'acre senteur d'une haine de race.

Alphonse Beauregard.