Poésie : Cincinnatus
Titre : Cincinnatus
Poète : Jean Aicard (1848-1921)
Recueil : Les jeunes croyances (1867).
Les temps sont accomplis. L'aube sereine dore,
À l'horizon lointain, les paisibles sommets,
Et la terrible nuit qui nous oppresse encore
Doit insensiblement disparaître à jamais !
La Science a creusé les plus profonds secrets ;
L'ignorance d'esprit et de cœur s'évapore,
Et le monde bientôt, de progrès en progrès,
Ne verra dans son ciel qu'une éternelle aurore !
Tous les hommes seront frères, et tous égaux ;
Ils vivront sous l'azur, bons, paisibles et beaux,
N'ayant plus de mortel que l'enveloppe d'homme ;
Ni valets, ni seigneurs ! tous seront artisans !
Et les meilleurs d'entre eux se feront paysans,
Comme Cincinnatus,... le plus grand fils de Rome !