Poésie : Ô Hyménée
Titre : Ô Hyménée
Poète : Victor Hugo (1802-1885)
Pancrace entre au lit de Lucinde ;
Et l'heureux hymen est bâclé
Quand un maire a mis le coq d'Inde
Avec la fauvette sous clé.
Un docteur tout noir d'encre passe
Avec Cyllanire à son bras ;
Un bouc mène au bal une grâce ;
L'aurore épouse le fatras.
C'est la vieille histoire éternelle ;
Faune et Flore ; on pourrait, hélas,
Presque dire : — À quoi bon la belle ?
Si la bête n'existait pas.
Dans un vase une clématite,
Qui tremble, et dont l'avril est court !
Je trouve la fleur bien petite,
Et je trouve le pot bien lourd.
Que Philistine est adorable,
Et que Philistin est hideux !
L'épaule blanche à l'affreux râble
S'appuie, en murmurant : Nous deux !
Le capricieux des ténèbres,
Cupidon compose, ô destin !
De toutes ces choses funèbres
Son éclat de rire enfantin.
Fatal amour ! Charmant, morose,
Taquin, il prend le mal au mot ;
D'autant plus sombre qu'il est rose,
D'autant plus dieu qu'il est marmot !