Poésie : Les Danaïdes
Titre : Les Danaïdes
Poète : René-François Sully Prudhomme (1839-1907)
Recueil : Les épreuves (1866).
Sonnet.
Toutes, portant l'amphore, une main sur la hanche, 
Théano, Callidie, Amymone, Agavé, 
Esclaves d'un labeur sans cesse inachevé, 
Courent du puits à l'urne où l'eau vaine s'épanche.
Hélas ! le grès rugueux meurtrit l'épaule blanche, 
Et le bras faible est las du fardeau soulevé : 
« Monstre, que nous avons nuit et jour abreuvé, 
Ô gouffre, que nous veut ta soif que rien n'étanche ? »
Elles tombent, le vide épouvante leurs cœurs ; 
Mais la plus jeune alors, moins triste que ses sœurs, 
Chante, et leur rend la force et la persévérance.
Tels sont l'œuvre et le sort de nos illusions : 
Elles tombent toujours, et la jeune Espérance 
Leur dit toujours : « Mes sœurs, si nous recommencions ! »