Poésie : Bien que la guerre soit âpre
Titre : Bien que la guerre soit âpre
Poète : Théodore Agrippa d'Aubigné (1552-1630)
Recueil : Hécatombe à Diane.
Sonnet X.
Bien que la guerre soit âpre, fière et cruelle 
Et qu'un douteux combat dérobe la douceur, 
Que de deux camps mêlés l'une et l'autre fureur 
Perde son espérance, et puis la renouvelle,
Enfin, lors que le champ par les plombs d'une grêle 
Fume d'âmes en haut, ensanglanté d'horreur, 
Le soldat déconfit s'humilie au vainqueur, 
Forçant à jointes mains une rage mortelle.
Je suis porté par terre, et ta douce beauté 
Ne me peut faire croire en toi la cruauté 
Que je sens au frapper de ta force ennemie :
Quand je te crie merci, je me mets à raison, 
Tu ne veux me tuer, ni m'ôter de prison 
Ni prendre ma rançon, ni me donner la vie.